L’olivier domestique à la conquête du monde (méditerranéen)
Difficile aujourd’hui d’imaginer les rivages de la Méditerranée sans la présence de l’olivier domestique*. Avec son tronc noueux et ses petites feuilles acérées d’un vert argenté, cet arbre est en effet indissociable des paysages âpres, brûlés de soleil, des rives de notre mer.
Et pourtant, bien qu’il ait colonisé depuis belle lurette l’ensemble du bassin méditerranéen, il fut un temps où l’olivier était absent des côtes d’Espagne, comme de celles de la Péninsule italienne ; de la Corse comme de la Sicile ; de la Grèce et de la Tunisie.
Faisons un saut dans le temps voulez-vous ?
Quand se termine la dernière glaciation, il y a près de douze mille ans, l’olivier ne se trouvait alors qu’au Proche-Orient actuel (et peut-être aussi au Sahara si l’on suit Gabriel Camps).
En ces temps reculés où s’accélère la révolution néolithique notre arbre est encore un petit sauvageon. Ce qui va le rester un sacré bail puisqu’il faut attendre les progrès – fort lents – de l’agriculture pour trouver des traces incontestables de la domestication de l’olivier laquelle aurait eu lieu au IVème millénaire av. J.-C. Au moment même où débute la révolution urbaine. Vous croyez que c’est un hasard, vous ? Que nenni, évidemment.
A l’âge du bronze, avec l’affirmation de puissants royaumes et la mise en place (déjà) d’un lucratif commerce international, l’olivier s’implante en Grèce et dans les îles de l’Egée ainsi que sur la côte de la Cyrénaïque.
Enfin, notre arbre voyageur accompagne les aventuriers-colons-marchands-guerriers Grecs et Phéniciens lorsque ces derniers se lancent à la conquête du bassin occidental de la Méditerranée, dans la première moitié du Ier millénaire av. J.-C.
L’olivier ne gagne ainsi l’Italie qu’à la fin du VIème ou au début du Vème siècle avant notre ère. C’est tard quand on y pense. Très tard. Cela dit, c’est deux mille ans avant l’arrivée de la tomate dans la même région.
Ci-dessous : carte de la diffusion de l’olivier à travers le bassin méditerranéen.
*Si les spécialistes ont identifié la présence d’oliviers sauvages dans le bassin occidental de la Méditerranée, une étude récente confirme que la domestication de l’arbre a eu lieu au Proche-Orient, plus précisément dans une zone à cheval sur la frontière syro-turque actuelle. Pour en savoir plus vous pouvez lire – dans la langue de la reine Victoria - The complex history of the olive tree: from Late Quaternary diversification of Mediterranean lineages to primary domestication in the northern Levant, Proceedings of the Royal Society B, G. Besnard, B. Khadari, M. Navascués, M. Fernandez-Mazuecos, A. El Bakkali, N. Arrigo, D. Baali-Cherif, V. Brunini-Bronzini de Caraffa, S. Santoni, P. Vargas & V. Savolainen.